ALIMENTATION du CHIEN et du CHAT : Généralités

Comprendre le rôle vital d’une alimentation de qualité et équilibrée :

Pour démarrer cet exposé, nous pouvons affirmer que l’incidence des pathologies nutritionnelles a nettement diminué au cours des dernières décennies. Le Rachitisme ( carence en calcium et vitamine D ), l’Ostéofibrose juvénile, responsable de fractures spontanées chez le jeune ( due aux régimes totalement carnés, avec rapport phospho-calcique déséquilibré ), l’ Hypervitaminoses A ( chats nourris avec du foie régulièrement), responsable de graves fusions vertébrales anormales, etc … Ces maladies nutritionnelles sont devenues rares de nos jours . Et ceci, grâce aux régimes nutritionnels équilibrés, qui se sont généralisés avec le développement de l’alimentation industrielle, et l’application des connaissances scientifiques en matière de nutrition des carnivores fournies par la recherche médicale vétérinaire. Autrefois, nos Parents, et grands-parents faisaient souvent des erreurs, croyant bien faire. La prise en compte des données scientifiques en nutrition et le développement de l’alimentation industrielle, devant suivre des consignes strictes de fabrication imposés par les vétérinaires, a eu le bénéfice de proposer des rations alimentaires équilibrées. Reste le problème de la qualité.

Nous allons d’abord énumérer les grands principes d’une alimentation équilibrée, nous aborderons ensuite la notion de qualité.

L’ alimentation, un besoin vital :

Les organismes vivants sont en renouvellement constant, leur composition est sans cesse remaniée. Ce qui nous constitue au final, eau et matière organique est sans cesse en mouvement. Nous sommes un flux de matière. Les molécules, les composants cellulaires sont régulièrement détruits et reconstruits avec des composants « neufs » et nouvellement livrés aux cellules. Nous pouvons aussi faire une analogie avec une usine, une machine bien huilée, qui est entretenue régulièrement pour bien fonctionner. Il faut sans cesse contrôler et changer des composants, changer des pièces. Nous consommons de l’énergie pour assurer tout cela et nous construisons, détruisons et éliminons des déchets en permanence. Pour combler les pertes et faire tourner la machine, il faut un apport extérieur de composants et d’énergie : cet apport, chez les animaux, est fait par l’alimentation. L’ alimentation est la principale source extérieure qui permet à l’organisme de vivre, si nous ne prenons pas en compte les apports en gaz comme l’oxygène. L’ alimentation nous apporte de l’énergie, du carburant, et des composants, des pièces de rechange. Il est alors essentiel, chacun de nous pourra le comprendre, que cet apport extérieur soit sain, de qualité et bien équilibré pour permettre un fonctionnement idéal et optimal de l’organisme, et limiter une gestion néfaste de déchets superflus.

Le Rationnement alimentaire :

L’alimentation doit nous apporter ce dont nous avons besoin : énergie, composants organiques constitutifs et autres éléments indispensables pour un bon fonctionnement. En quantité suffisante, mais sans excès et avec un niveau de qualité quant aux ingrédients procurés.

En nutrition et pour faire simple, on distingue 4 catégories d’ingrédients :

1/ Les protéines = Les protéines sont de grosses molécules indispensables. Elles sont fondamentales pour la constitution et le fonctionnement cellulaire. Les protéines sont des chaines complexes d’acides aminés. Pour fabriquer nos propres protéines, nous devons trouver un apport en acides aminés, la solution est d’ingérer des protéines provenant d’un autre organisme vivant. Il faut ensuite les détruire, c’est le processus de digestion qui permet cela. Les acides aminés alors de petites tailles peuvent passer la barrière digestive et pénétrer dans l’organisme. Ils seront ensuite utilisés comme des briques, l’organisme effectuera sa propre synthèse protéique, dans ses cellules, à partir des acides aminés fournis par l’alimentation. Certains acides aminés peuvent être fabriqués à partir d’autres, mais certains doivent être fournis tels quels et l’alimentation est alors la seule source possible. Cela est particulièrement vrai chez les carnivores ; par exemple, le chat doit se fournir en taurine en mangeant, et la seule source de taurine possible se trouve dans les protéines animales : impossible d’élaborer un régime strictement végétarien chez le chat, c’est un carnivore stricte. La science vétérinaire a établi des normes concernant les apports protéiques nécessaire chez nos animaux domestiques. Un excès de protéines peut être néfaste dans de nombreuses situations, physiologiques ( animal âgé ), et pathologique ( insuffisance rénale, affections hépatiques avancées etc … ) Respecter un ratio de protéines de qualité est nécessaire pour la santé, ce taux varie avec l’âge, et les éventuelles pathologies existantes.

2/ Les Glucides : Ce sont aussi des constituants organiques incorporés dans l’architecture cellulaire, mais c’est surtout la principale source énergétique des organismes vivants. Parmi les glucides, on peut distinguer les « sucres lents  » soit de digestion lente, ce sont en général les formes de stockage, et les sucres rapides, très rapidement métabolisables. Les glucides représentent le carburant, ce sont de l’énergie brute, mais aussi des formes de stockage de l’énergie que l’on peut véhiculer, stocker et distribuer à la demande. Le Glucose, par exemple est le principal élément énergétique utilisable au niveau cellulaire, c’est le nutriment indispensable à toutes cellules, notamment pour les cellules du système nerveux. Le glucose est un sucre rapide, très facilement et rapidement utilisable par la cellules comme source d’énergie. Il peut être assemblé et conservé sous forme de grosses chaines de molécules, c’est un réel système de stockage : le glycogène chez les animaux – et l’amidon chez les végétaux. Les graines par exemple sont formés d’un grande réserve d’amidon et donc de stockage d’énergie. Cela va permettre à la graine de germer, pousser, former sa tige et ses premières feuilles et devenir alors autonome. Les glucides sont souvent décriés en alimentation, c’est totalement injustifié. Ils constituent des composants alimentaires fondamentaux dont on ne peut se passer. La cellulose, par exemple, constituant les fibres alimentaires, est un glucide, une chaine de glucose. On connait son importance pour le bon fonctionnement du tube digestif. Les sucres rapides, le vrai sucre par exemple =saccharose, sont moins utiles en alimentation, ils doivent être réduit dans les rations alimentaires classiques et d’entretien et ne devrait être utilisés que comme source d’apport énergétique rapide, mais ils ont aussi leur nécessité.

3/ Les Lipides : Ce sont les graisses. Là encore, ce sont des nutriments nécessaires. Ils entrent aussi dans la composition de l’architecture cellulaire, notamment au niveau des membranes, barrières indispensables à la survie des cellules. Les lipides participent aussi à de nombreux mécanismes physiologiques. Ce sont par ailleurs d’admirables réserves d’énergie, et l’organisme les utilise aussi pour stocker des réserves, c’est le rôle du tissu graisseux. Il existe des graisses indispensables, les acides gras essentiels, ainsi nommés car la seule possibilité d’en obtenir est l’alimentation. Nous pouvons aussi dire qu’il y a des bonnes graisses et d’autres moins bonnes qualitativement, on distingue les acides gras saturés et insaturés, mais ne rentrons pas trop dans des détails complexes. Pour simplifier, un apport quotidien de lipides est nécessaire, et comme toujours, l’idéal est d’effectuer un mélange de divers origines, huiles végétales et graisses animales.

4/ Les Oligo-éléments = Nous classerons ici, les minéraux, particules élémentaires indispensables, nombreuses et variées : Calcium phosphore magnésium, Fer iode Sodium Potassium etc … et les Vitamines, éléments aussi essentiels, car ne pouvant pas être synthétisés par l’organisme et ne pouvant donc être apportés que par la ration alimentaire.

Pour conclure, une ration alimentaire doit comprendre tout cela : Protéines, Glucides, Lipides, Fibres, Vitamines et Minéraux. Reste à trouver le bon équilibre, adapté à chaque espèce et même à chaque individu. En effet, une ration alimentaire est constituée d’un mélange d’ingrédients destinés à fournir les bons apports, en bonne quantité, pour une espèce animale donnée, et en tenant compte du stade physiologique de la vie, de l’âge et d’éventuelles pathologies associées. Formuler une ration alimentaire équilibrée est un acte qui doit être réfléchi et qui nécessite de réelles connaissances en nutrition, en biologie, en physiologie, et en médecine. Pour cette raison, les médecins restent les spécialistes de la nutrition humaine et des prescriptions diététiques. Pour les animaux, ce sont les vétérinaires qui possèdent les réelles compétences et la formation adéquate pour établir des régimes alimentaires équilibrés et adaptés. Ils sont nombreux à être sollicités par l’industrie agro-alimentaire pour élaborer, contrôler et finaliser les rations alimentaires proposées par les fabricants d’aliments pour animaux.

La qualité des ingrédients :

Un mot sur la qualité des nutriments. Après avoir évoqué les notions d’équilibres entre les différents ingrédients, il faut évoquer leur valeur nutritionnelle, leur qualité, car tous ne se valent pas. Nous aborderons plus en détails ce sujet de qualité, car c’est sur ce point qu’il est important d’être vigilant et que l’on pourra juger de la pertinence d’utiliser tel aliment plutôt qu’un autre.

Reprenons notre classification.

Les Protéines : il existe des protéines de haute valeur biologique, avec une bonne digestibilité. Celles issues des viandes, des abats, par exemple sont très intéressantes nutritionnellement. A l’opposé, celles issues des os et donc des carcasses, celles issues des tissus conjonctifs comme les tendons les ligaments ou issues de la peau ( collagène ) voir des phanères ( poils et plumes …kératine ) – ce sont aussi des protéines, mais de mauvaises valeurs biologiques. Certains fabricants vont abuser de ces protéines de mauvaises qualités pour élaborer leur ration. Elles sont beaucoup moins chères à l’achat que celles issues des morceaux nobles. Ces derniers sont les ingrédients les plus onéreux. Tout le monde sait que si l’on veut nourrir son chien avec une ration ménagère, c’est la viande qui coûte le plus cher, largement plus que le riz, les pâtes ou les quelques légumes associés. C’est sur la qualité des protéines et en limitant l’utilisation des morceaux nobles qu’un producteur d’aliment pourra améliorer sa marge de vente. C’est bien à ce niveau que la qualité de la ration alimentaire va différer. On devra juger de la qualité d’un aliment en tenant compte de la qualité des protéines utilisées, bien qu’il soit souvent difficile d’obtenir des informations sur ce point. Il faudra souvent faire confiance au concepteur, même si nous avons quelques indices interprétables pour ce faire une idée des protéines utilisées et de leur qualité.

Les Glucides : nous l’avons vu, les glucides sont indispensables en alimentation. L’amidon est très utilisé en alimentation. Issu des végétaux, il apporte une source d’énergie intéressante. L’ amidon est l’aliment par excellence, il a sauvé le monde des famines, et toutes les espèces animales – et bien sûr végétales, puisque ce sont elles qui le fabriquent- utilisent ses bienfaits. Pour la fabrication des croquettes, l’amidon est indispensable physiquement, pour parvenir à faire un extrudé. L’ amidon est donc très utilisé en alimentation humaine ou animale, et indispensable dans les aliments secs. Nos carnivores domestiques digèrent mal l’amidon, surtout cru, comme nous. La cuisson améliore la digestibilité. On trouve de l’amidon dans les céréales, le blé, le riz, le maïs – ou dans les graines, les pois, pois chiches, fèves et les tubercules, pommes de terre etc …L’amidon reste de l’amidon quelques soit sa source, à de petites exceptions près. Il existe de nos jours un discours scandaleux utilisé par certains vendeurs, stipulant que nos carnivores domestiques ne doivent pas manger de céréales. Tout le monde sait qu’un chien peut manger du pain, du riz, des pâtes. Les vraies intolérances au gluten de blé, ou les allergies aux protéines végétales sont rares, et quand elles existent, elles entrainent de fortes diarrhées chroniques bien connues en médecine. Et pour remplacer ces céréales, qu’est-ce que ces fabricants vous proposent ? des pois, des pois chiches, de la pomme de terre … – C’est scandaleux de tromper les consommateurs de la sorte. Les céréales doivent être utilisées avec parcimonie dans l’alimentation des carnivores domestiques, nous sommes d’accord – mais prétendre qu’elle sont néfastes est faux, surtout quand on ne fait que remplacer leur amidon par une autre source, provenant de pois ou tubercules. Ces vendeurs de croquettes « sans-céréales » font croire que leur aliment est plus riche en protéines et légumes que les aliments comportant des céréales – ce qui est totalement faux et fait pour induire le consommateur-acheteur en erreur, et l’amener à choisir un produit totalement équivalent aux autres. On peut même affirmer qu’ il est préférable de manger régulièrement du blé ou du riz, plutôt que des pois – chiche ou pas – et des pommes de terre , et cela quotidiennement, que l’on soit un humain ou un carnivore ! Comme toujours, une bonne alimentation doit en fait proposer un panel d’ingrédients variés. La variété est bénéfique si elle respecte l’équilibre du rationnement. On devra limiter le recours aux sucres rapides, surtout dans certaines pathologies ( diabète obésité … ).

Les lipides : Il faut privilégier les Bonnes graisses – dites insaturées, souvent présentes sous formes liquides ( huiles végétales – huiles de poissons ) et limiter les mauvaises , les saturées, souvent solides, type saindoux, graisses animales. Les premières sont plus chères, beaucoup de fabricants peu scrupuleux utiliseront donc plutôt les autres.

Les compléments alimentaires, minéraux et vitamines : là encore, on comprend que l’on peut trouver des compléments de qualité et d’autres, moins. Cela provient de leur source de fabrication et du sérieux de leur conception.

Pour conclure, vous comprendrez que la situation est complexe et que sans connaissance scientifique poussée en nutrition, il est impossible de se faire une idée claire de la qualité d’un aliment industriel, dont la composition précise est en général gardée secrète. Il faut analyser précisément le peu de données fournies par le fabricant, faire abstraction du discours commercial environnant ( … quoique, cela peut donner une idée de malhonnêteté du fabricant .. ) Faites finalement confiance à des produits leur preuve, ayant bonne réputation et à la confiance que des professionnels, comme les vétérinaires ont envers leurs fabricants. Les vétérinaires ont été les instigateurs de la création de la diététique animale, ils sont à l’origine de la conception des rations alimentaires et de l’alimentation moderne animale. Celle-ci a amélioré considérablement la vie et la durée de vie de nos amis les animaux domestiques, il faut le rappeler. Les vétérinaires sont des nutritionnistes, ils contrôlent et coopèrent avec de nombreux fabricants industriels, qui ont besoin de leur connaissance et de leur expertise pour assurer un gage de qualité et de sérieux. Mais, le marché de l’alimentation animale est vaste. Il a attiré de nombreux acteurs industriels beaucoup moins scrupuleux, qui préfèrent investir dans le marketing et la communication, au détriment de la qualité nutritionnelle. Comme toujours, écoutons et faisons confiance aux spécialistes, pas à ceux qui cherchent à ne vendre que leur produit.