BARF : réflexions et conseils

Voici quelques conseils concernant l’alimentation de votre chien et le choix d’une alimentation de type BARF 

Définition : Biologically Appropriate Raw Food , soit Nourriture Crue Appropriée Biologiquement – L’idée étant de nourrir nos animaux familiers, et notamment nos carnivores domestiques ( chiens chats furets ) avec une alimentation proche de celle des carnivores sauvages dans la nature.

Avec le développement du « bio » et le retour aux sources naturelles – justifié dans beaucoup de cas – ce type d’alimentation est bien évidemment « à la mode ». Nous souhaitons tous améliorer notre alimentation, se rapprocher d’éléments « purs » et naturels, et éviter – ou limiter – le recours à l’alimentation industrielle, que ce soit pour nous ou pour nos compagnons à quatre pattes.

Pour commencer cet énoncé, je préciserai que la bonne attitude est de toujours réfléchir aux diverses possibilités qui s’offrent à nous, de ne pas condamner inutilement ou injustement une méthode plutôt qu’une autre, sans avoir analysé correctement l’ensemble des données disponibles. Quoiqu’il en soit, que l’on utilise de l’aliment industriel, une alimentation ménagère ou une ration type Barf, une certaine vigilance et des connaissances en nutrition sont nécessaires. Il ne faut pas faire n’importe quoi. A l’heure d’internet, trouver des informations est devenu facile. Faire le tri dans celles-ci et déterminer le vrai du faux est une autre paire de manches. Tout le monde y va de son blog et de ses théories, souvent en recopiant ce qu’a énoncé un autre, qui le tient d’untel .. et on se retrouve avec des informations fausses ou tout au moins déformées. Chacun peu s’approprier un rôle d’expert dans un domaine qu’il ne maîtrise finalement pas, et aucun contrôle réel n’existe sur la toile pour classifier la pertinence des informations. Chacun doit faire son tri, et nous ne sommes pas égaux et suffisamment préparés pour cela. En alimentation, les risques de maladies nutritionnelles existent, qu’elles soient bactériologiques ou par carence ou excès de certains ingrédients. Un régime alimentaire peut aussi différer en fonction de l’âge et d’éventuelles maladies chroniques associées. Quelques conseils vous seront utiles pour éviter les erreurs. Le médecin reste le plus apte à prescrire un régime adapté, il est expert en nutrition, il connait la physiologie, la biologie, et les pathologies et leurs rapports intimes pouvant être liés avec une nutrition adéquate. Demandez conseils à votre vétérinaire.

1/ Qualité et hygiène : Première précaution, la qualité de l’approvisionnement.

La viande est un aliment qualifié de « sensible » en hygiène alimentaire. Avec le BARF, l’utilisation de viande crue est donc un élément à risque. En effet, dans la nature, une proie est ingérée rapidement après la chasse et la mise à mort. Même si de nombreux carnivores vont ingérer des proies décédées parfois depuis plusieurs heures, il reste évident qu’une contamination bactérienne apparait rapidement après la mort et que les risques d’intoxications – voir de toxi-infections alimentaires – sont importants. Mais la vie à l’état sauvage dans la nature est rude et risquée, l’espérance de vie courte. Nos ancêtres préhistoriques l’ont bien compris : dès qu’ils ont fait cuire leurs aliments, et en particulier les viandes « mal conservées », sur leur feu, ils ont amélioré leur santé. Ils ont vu les incidences des diarrhées et les maladies voir les mortalités dues aux toxi-infections alimentaires diminuer. La cuisson a réellement été une découverte formidable pour l’humanité : elle a augmenté la digestibilité des aliments, elle a amélioré la santé humaine en supprimant bon nombre de maladies d’origine alimentaire, et a diminué la mortalité infantile.

Au final, si nous voulons manger cru, il faut manger frais et sain. Nous savons tous cela, on doit manger un aliment en bon état de fraicheur. Le problème est parfois d’être sûr de cet état de fraicheur et de propreté, car les signes flagrants de dégradation et de pourriture, tels qu’une mauvaise odeur ou un aspect repoussant, sont tardifs. Nous connaissons tous les toxi-infections alimentaires, nous en avons tous été victimes ; qui n’a pas été malade, nauséeux, avec des vomissements et/ou de la diarrhée, après un repas dans un restaurant ou en voyage après avoir mangé dans un établissement qui ne respecte pas correctement des normes strictes d’hygiène alimentaire. Sachez que les pays occidentaux ont des normes drastiques en hygiène alimentaire et cela est nécessaire pour la santé de tous. Ce sont principalement les vétérinaires de l’administration qui s’occupent de cela. Ils contrôlent l’hygiène alimentaire de la production jusque dans votre assiette : de l’élevage en passant par l’abattage, les chaines de production et de distribution, jusque dans les restaurants, pour vérifier les bonnes pratiques et le respect des chaines du froid et des règles de cuisson. Cela pour préserver votre santé et limiter les risques de toxi-infections alimentaires, qui seraient fréquentes et dangereuses sans ces contrôles. Certaines maladies « alimentaires » sont graves, voir potentiellement mortelles, la salmonellose, la listériose, la brucellose, le botulisme etc … La filière viande est bien une « zone à risque ». Par exemple, si vous souhaitez manger un tartare avec de la viande ou du poisson cru, les normes d’hygiène doivent être renforcées = viande fraiche, excellente conservation, chaîne du froid parfaitement respectée, préparation et passage au hachoir en dernière minute, avec une machine à hacher propre et particulièrement surveillée. Les préparations hachées sont encore plus à risque. La viande est un ingrédient fragile et sensible en cuisine. Elle peut être contaminée facilement par les manipulations humaines, durant la procédure d’abattage, la découpe, les transports, jusqu’à l’arrivée dans l’assiette. Une contamination bactérienne est vite arrivée, et la multiplication des bactéries est ensuite rapide sur un aliment à risque. Seul l’action du froid permet de ralentir la multiplication bactérienne. La réfrigération sous 5°C permet de ralentir la prolifération et une conservation de quelques jours. La congélation – sous -20°C permet de Stopper la prolifération bactérienne. Attention, cela ne l’élimine pas. Le froid ne détruit pas les bactéries, il stoppe juste leur multiplication. Une viande congelée contaminée reste dangereuse lors de sa décongélation, la multiplication bactérienne reprend. Seul l’action de la chaleur, et donc la cuisson permet de détruire les bactéries et d’assainir un aliment. Par contre, les toxines bactériennes peuvent persister malgré la cuisson : Vous pouvez avoir une belle « tourista » même avec des aliments cuits et consommés chauds ! Attention particulièrement aux préparations « hachées  » les passages dans les hachoirs sont aussi une pratique « risquée » avec de forts risques de contamination (Revenons à notre tartare de boeuf : la viande doit être fraiche, , le passage au hachoir récent, et avec un appareil particulièrement « propre  » et la consommation doit se faire dans les heures qui suivent ). Attention, la congélation ne fait que bloquer la multiplication bactérienne, cela ne tue et ne détruit pas les bactéries : une viande contaminée le reste m^me congelée, la multiplication bactérienne est juste stoppée, elle reprend dès le début de la décongélation.

   Solution = S’approvisionner directement chez un boucher ou un producteur – Privilégier un circuit court – Maintenir une chaine du froid correcte dès l’abattage = Au minimum 5 °C pour une conservation de qq jours, Congélation si prolongée.  Sur le secteur de Strasbourg, voir les fermes type  » foie gras  » passage sur les marchés de Strasbourg (ferme Goettelmann à Meistratzheim – ferme Kuntz à Dachstein –   Voir Boucherie …   En cas d’utilisation de volailles, ( cas le plus fréquent notamment pour les carcasses – cous de poulet canard … ) attention aux Salmonelles, qui peuvent donner des maladies intestinales graves et qui sont des zoonoses ( risques humains ) d’où l’importance du respect des conditions d’hygiène et surtout du maintien à des températures limitant la prolifération bactérienne en cas de contamination de surface.

   =  Que penser des barquettes  et achats en » gros » congelés  … hachées ..!. Il existe sûrement des gens qui travaillent sérieusement et d’autres moins .. Vérifier la provenance : éviter tout ce qui vient de l’étranger , privilégier là encore une fabrication française, et donc un abattoir contrôlé et devant respecter des normes d’hygiène strictes mais nécessaires. Attention ensuite au chaines de transport et de distribution = pas de rupture de la chaine du froid.

   la ration Viande =  cela va constituer 80 % du repas quotidien : soit 

       1= Bon Tiers  =  35 – 40 %  =   Os charnu ( Carcasses de volailles – Cou de poulet canard .. voir des Os plus gros – Attention cependant aux « risques osseux » = On observe régulièrement en médecine vétérinaire des corps étrangers osseux qui peuvent se bloquer au niveau digestif Obstruction oesophagienne grave / Occlusion intestinales  – Les gros os de bovins adultes sont aussi souvent très solides et des fractures dentaires peuvent arriver … )

      2= 40% de la ration avec de la Viande et un peu d’abats 10%=    VIANDES diverses  Muscles voir Coeur  / quelques abats  foie rognons- à l’abattoir on peut aussi avoir de la rate ( Mou du chat – des poumons .. )  …    le Foie ne sera utilisé qu’une seule foie par semaine – maximum 2 fois ( risque d’hypervitaminose ) –    ( éviter tripes  ( intestins …. ) crues risques important de contamination bactérienne )   Tripes plutôt cuites … –    Utiliser  Une fois par semaine du Poisson -( frais – congelé  .. de préférence un poisson gras riche en AGE )

 3 = Un apport de légumes  ( voir de fruits ) là encore crus =      un mélange de /   Carottes – navets – radis –  Courgettes  Potiron courges Fenouil Celeri branche     avec un apport de feuilles vertes ( Salades diverses  )    –  === Eviter les Choux ( ou en faible quantité et plutôt Cuit – !!Interdire les Oignons ayant une certaine toxicité !  Utiliser  occasionnellement des fruits ( pommes  poires  kiwis  voir bananes prunes etc .. par exemple  une ou deux fois dans la semaine  !! on note des intoxications graves aux raisins ( fermentés ? ) pas de raisins ni frais ni secs ! )

   4 =Un Apport en matières grasses = Acides Gras essentiels     une Cuillère à Soupe chien de taille moyenne d’Huile de COLZA ( pépin de raisin – Tournesol = on peut varier dans la semaines ou au cours du mois ) –   apport en Huile de Poissons gras .. une fois par semaine au minimum.  ( On utilise en médecine des compléments alimentaires à base d’huiles végétales et de poissons – équilibrées en Omégas 3 et 6= disponible à la clinique )

 5 ? = Un complément minéral Vitaminé et souvent préconisé Notamment chez les jeunes chiens en Croissance dont les besoins et l’équilibre en minéraux doit être surveillé.  Le régime BARF apporte du Calcium et du phosphore avec les os – La viande est très riche en phosphore , un risque de déséquilibre Phospho-calcique existe, surtout en présence d’un carence en vitamine D.    Un jaune d’oeuf peut être intéressant une fois par semaine.  Utiliser du yaourt nature est aussi intéressant, comme pour nous c’est une bonne source nutritionnelle et cela apporte des probiotiques bénéfiques pour la flore intestinale (  1/2 yaourt 2 fois par semaine ) ( Voir aussi pour un complément Minéral Vitaminé équilibré et adapté à l’âge dans les produits pharmaceutiques vétérinaires ).

 Pour conclure =  BARF ? « OK pourquoi pas ! » Mais cela n’a rien de nouveau ! Pour les vétérinaires-diététiciens que nous sommes, la vraie question est plutôt : Ration ménagère ou industrielle ?

La ration ménagère

Les seules certitudes pour la réalisations de telles rations alimentaires sont : 1/ = pour l’utilisation de Viande crue comme source n°1 de Nutriment pour un chien =  mais privilégier des circuits d’approvisionnement sûr – et maîtriser les règles d’hygiène alimentaire et notamment le respect de la chaine du froid. / 2/ OK mais pas que de la viande ! =  un régime BARF n’est pas que tout Viande sinon il est déséquilibré =  prévoir un apport – minime – mais régulier en végétaux – donné aussi cru = même remarques – bien nettoyés  – et de bonne qualité.   Ne pas oublier un complément en Acides Gras essentiels – et voir en Vitamines et oligo-élements – au moins de façon hebdomadaires. –  Varier les ingrédients, comme pour nous – pour apporter sur le long terme des nutriments différents et limiter les carences. Ne pas être fermés à d’autres types d’alimentation = On peut tout à fait utiliser diverses sources  = BARF avec ingrédients crus + Alimentation ménagère occasionnelle avec cuisson dans certaines circonstances ou avec certains ingrédients et suivants les sources ou les risques + Utilisation d’aliment industriels  de qualité et connus comme tels – à l’occasion voir en complément ou sur certaines périodes – vacances etc ..  Personnellement, pour mon chien, j’utilise des croquettes Specific ( origine Danoise , fabrication sérieuse contrôlée, provenance des sources respectueuses… ) et je complète sa ration avec du ménager = une part de ce que l’on mange nous même, le plus souvent cuit – parfois cru si l’achat de viande est récent et jugé de qualité- je limite la consommation d’os et je privilégie un apport phospho-calcique à base d’os sous forme broyée, voir avec un complémenta alimentaire vétérinaire contrôlé et produit d’une industrie pharmaceutique européenne ….

   Pour votre information une thèse –   These BARF 2011    ===    https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwi-t4qes-TtAhVSExoKHTyeBNkQFjAFegQICRAC&url=http%3A%2F%2Ftheses.vet-alfort.fr%2Ftelecharger.php%3Fid%3D1439&usg=AOvVaw0R38PpsoRKr3KOTuzqckEK

Cette thèse date un peu – mais elle reprend en détail le discours classiquement utilisé sur le Barf – avec les origines du BARF et notamment les premiers travaux et recherches sur le sujet =  et les bases et règles nécessaires pour obtenir un régime alimentaire sensiblement équilibré.